TOP SE7EN – Retour sur l’univers artistique du roi des citrouilles en personne, Tim Burton
- Thibault Jeanroy

- 4 nov.
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 nov.

L'univers artistique de Tim Burton continuera toujous
à animer mon petit coeur mécanique
Article rédigé par Gaspard Flory
Alors qu’Halloween approchait à pas de loup, nous n’avons pu m’empêcher de penser au réalisateur gothique par référence ; j’ai nommé le roi des citrouilles en personne, Tim Burton. J’étais trop enthousiaste à l’idée de rédiger un top se7en sur sa longue filmographie, pour attendre la sortie de son prochain chef-d'œuvre.
Son univers artistique si reconnaissable a su bercer notre enfance, et continuera toujours à animer notre petit cœur mécanique. En effet, tout en représentant un bestiaire de personnages tendrement étranges, Tim Burton a su questionner notre rapport à la différence. Ses films témoignent d’une union subtile entre fantastique, poésie, et humour grinçant.
C’est ce mélange de tendresse et d’amertume qui arrive toujours à nous émouvoir, glissant quelques étoiles au cœur de nos yeux.
Voici donc notre nouveau top se7en : Un classement subjectif et mensuel pour revenir sur les films, les réalisateurs, les acteurs qui ont su marquer notre vision du cinéma...

7. Alice aux Pays des Merveilles, mon entrée de l’autre côté du miroir Burtonien
Quand j’ai vu Alice aux pays des merveilles pour la première fois, j’avais des étoiles plein les yeux. Béat, la bouche grande ouverte, je savais que je n’oublierais jamais vraiment cette expérience que je venais de vivre.
Comprenez-moi ; je venais de voir mon premier film de Tim Burton. Alors que le générique défilait sur le grand écran de télévision, écrit d’une police gothique, et accompagné de la musique entraînante de Danny Elfman, je n’avais qu’une idée en tête : “moi aussi, j’ai envie de raconter des histoires”. J’ai ensuite filé dans ma chambre pour récupérer une pile de feuilles blanches et me suis mis à dessiner. Si Alice aux pays des Merveilles est rarement le film préféré des fans de Tim Burton, celle-ci constitue un miroir merveilleux pour basculer dans son univers à la fois gothique et bariolé. Son pays des merveilles m’est apparu, grouillant de personnages haut en couleur et de créatures atypiques.
Le top se7en sur Tim Burton s’ouvre donc sur un choix totalement subjectif, mais que voulez-vous ? Le Cinéma Burtonien nous amène à rêver et la première expérience qui peut nvus être offerte, vous marque toujours durablement, tant son univers demeure à part.

6. Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête
S’il y a bien un film à voir au soir d’Halloween, c’est sans doute Sleepy Hollow. Cette fresque fantastique est probablement l’œuvre la plus violente du réalisateur, non loin derrière Sweeney Todd. Or, là où il y a comme une certaine excentricité dans les effusions sanguines du diabolique barbier de Fleet Street, Sleepy Hollow s’impose moins comme une œuvre satire et Hémo que comme une véritable aventure anxiogène, entre thriller policier et conte fantastique.
Nous y suivons Ichabod Crane, détective interprété par Johnny Depp, envoyé à Sleepy Hollow pour élucider le mystère qui se cache derrière une série de meurtres. Or, la présence de Johnny Depp est presque plus oubliable par rapport à celle de Christopher Walken incarnant l’effrayant cavalier sans tête. L'acteur nappe en effet son personnage d’une aura mystérieuse, le rendant ainsi encore plus mémorable. Loin de l’énergie bariolée de Beetlejuice et de l’humour grinçant de Mars Attacks, Sleepy Hollow saisit le spectateur à la gorge par sa froideur et sa brutalité.
Avec ses couleurs ternes et son atmosphère brumeuse comme fantomatique, le film fait clairement frissonner. La beauté de cette ambiance saturée est signée par Emmanuel Lubezki, toujours impressionnant dans la qualité de sa direction photographique. Nous avions également été impressionné par son travail honorable sur Birdman, The tree of Life, ou encore The Revenant... Tim Burton lui-même a dit avoir voulu absolument travailler avec lui : “J’aime tout ce qu’il fait [...] mais aucun de ses films ne se ressemble vraiment. Il procède de la même manière que moi : c’est un intuitif, il invente sur le terrain.” (Propos extrait des entretiens de Tim Burton avec Mark Salisbury.)
En visionnant Sleepy Hollow, le spectateur chute dans un univers inquiétant qui ne lui donne qu’une envie. Fuir encore et encore avec l’espoir un peu naïf que la légende de Sleepy hollow ne lui fasse pas perdre la tête.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Le scénario de Sleepy Hollow a été co-écrit par Andrew Kevin Walker
le scénariste de Seven et The Killer

5. Charlie et la chocolaterie, une réécriture intéressante du best-seller de Roald Dahl
Il a été difficile de placer Charlie et la Chocolaterie par rapport à Sleepy Hollow, ayant une énergie et une couleur totalement différente.
En réalisant l’adaptation du best-seller de Roald Dahl, Tim Burton ouvre en effet son audience à des regards beaucoup plus jeunes. Certes, les thématiques questionnées par le film peuvent s’ouvrir à différentes grilles de lecture, mais Charlie et la Chocolaterie reste un film moins sombre que les œuvres à venir. L’atmosphère est plus légère, plus chantante, et se concentre davantage sur un humour satirique que sur une représentation gothique classique. Cela rend-il le film moins bien construit ?
Nullement. La construction de décors véritables, avec notamment la fabrication de maquettes y est incroyablement détaillée. Pour cause, celle-ci a été confiée à Alex Dowell, décorateur de génie, derrière Les Noces Funèbres, mais aussi Fight Club. Celui-ci apporte réellement sa perspective au projet. En raccord avec sa volonté, les décors sont construits à presque 360° : une véritable prouesse technique qui marquera la filmographie de Tim Burton.
Il me semblait également important de relever la qualité de l’interprétation de Johnny Depp dans son interprétation de Willy Wonka. Si le personnage est assez différent de celui décrit dans le roman de Roal Dahl, il est également enrichi d’une certaine obscurité qui en fait un personnage Burtonien à part entière. Derrière son énergie sautillante, celui-ci est à la fois sympathique et étrangement inquiétant. Peut-être est-il simplement différent, et qu’une belle paire de lunettes blanche et noire permettrait de voir ce qui se cache derrière son énergie lumineuse.
Oui ! Il s’agit de l’ombre d’un père ; un dentiste de fonction, interprété magistralement par Christopher Lee.
Cela nous replonge à la fois dans Stalk of the Celery Monster, le film de fin d’étude réalisé par Tim Burton à CalArts; et dans Big Fish où Tim Burton questionnait déjà le rapport à la paternité. Charlie est la chocolaterie s’impose donc encore une fois comme une œuvre impressionnante sur le plan technique. Il s’agit là d’une réécriture intéressante du roman culte de Roald Dahl
LE SAVIEZ-VOUS ? Le grand fleuve en chocolat a réellement été reconstitué et a nécessité près de 120 000 litres d’un mélange au glucose fourni par Nestlé.

relèvent de la prouesse technique
4. Les Noces Funèbres, un petit bijou du cinéma d'animation
Grâce à sa projection récente dans les cinémas UGC, j'ai eu la chance de revoir sur le grand écran, la beauté de l'esthétique des Noces Funèbres. Au sortir de la salle, je n’ai pu m’exclamer autre chose que : “quel privilège de pouvoir voir un film de Tim Burton sur le grand écran !”
Le cinéaste voulait réaliser un nouveau projet où il puisse avoir recours à l’animation image par image depuis la sortie de L’Étrange Noël de monsieur Jack, soit depuis plus de dix ans. Or, lorsque l’on voit Les noces funèbres pour la première fois, c’est comme si nous aussi, nous avions attendu ce film pendant des années. Celui-ci sort pourtant la même année que l’excellente adaptation de Charlie et la Chocolaterie, abordée plus haut. Néanmoins, l’aspect plus gothique et poétique du cinéma Burtonien commençait à nous manquer.
Il n’y a pas à dire, 2005 était une année d’exception pour les amateurs du cinéma Burtonien et pour le cinéma en général. La bande originale de Danny Elfman est encore une fois sans défauts, avec des chansons toujours plus entrainantes et humoristiques. Une harmonie mortifère et chaleureuse entre l’image et le son qui vaut bien son lot d’applaudissements. Les jeux de lumières tantôt pâlissantes, tantôt flamboyantes contribuent bien à ce contraste étonnant créé entre le monde des morts et celui des vivants. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de relever d’ailleurs, cette volonté amusante de représenter un monde des morts bien plus vivace que celui des vivants. Ce sont ces petites idées à la fois discrètes et consistantes qui constituent la beauté du cinéma de Tim Burton.
Et puis... comment ne pas parler de l’animation image par image supervisée d’une main de maître. La création et le mouvement des marionnettes est d’une précision presque inhumaine, donnant à leurs corps faméliques un vrai souffle de vie.. Si la finesse de leur armature risquait de rendre compliquée leur animation, celle-ci s’exerce avec brio et se fond à merveille dans le tableau peint par Tim Burton.
Il nous semblait d’ailleurs important de souligner l’importance de Mike Johnson, coréalisateur du film resté beaucoup trop dans l’ombre, d’après nous. Certes, les ombres ne sont jamais loin des yeux et du cœur dans le cinéma Burtonien, mais il était tout de même important de rappeler l’effort pharaonique que cet homme a apporté à la réalisation du projet. Il s’agit d’un animateur absolument génial avec qui Tim Burton avait déjà pu collaborer sur L’Étrange noël de monsieur Jack, ainsi que James et la Pêche géante et a qui nous devons donc beaucoup quant à la qualité de ces œuvres.
Bref, que dire d’autre que des louanges sur ce petit bijou du cinéma d’animation ? Les personnages sont pour la plupart, d’une beauté toujours désarmante et la fantaisie du scénario de Joe Ranft lui-même adapté d’un conte du XIXème siècle, est pleinement préservée.

3. Beetlejuice, une prouesse technique à l’énergie horrifique
Beetlejuice est le deuxième long-métrage réalisé par Tim Burton en 1988. Si trois ans plus tôt, Pee-Wee's big Adventure, exprimait déjà une certaine énergie fantaisiste ; Beetlejuice pose réellement les bases de son univers artistiques. En effet, la création d’un univers à la fois glauque et débordant de vie et de couleurs, demeure inhérente ay cinéma Burtonien. Tim Burton y exprime pleinement son humour grinçant. Pour cause, Beetlejuice est peut-être le film le plus comique de sa filmographie ; la séquence du dîner au rythme de Banana Boat Song étant parmi les plus déjantées de son cinéma.
La sortie d’une suite il y a plus d’un an déjà, n’est certes pas forcément synonyme de sa longévité, mais elle témoigne au moins de l’amour que porte le réalisateur à ce film. Tim Burton s’y entoure d’acteurs talentueux avec qui il sera amené à retravailler, tels que Winona Rider (Edward aux mains d’argent) ou encore Michael Keaton (Batman, Batman le défi)...
Si, Beetlejuice se hisse si haut dans notre classement, c’est parce que ce film est tout simplement génial sur tous les plans, et plus particulièrement sur le plan technique : les décors, les costumes, la musique signée Danny Elfman en parfaite harmonie avec l’énergie du film... Tout est d’une précision et d’une fantaisie pharamineuse. Tout témoigne de la rigueur et du sens du détail de Tim Burton derrière la caméra. De plus, l’harmonie entre live et stop-motion est sans précédent.
Nous pouvons d’ailleurs noter la présence de Rick Heinrichs en tant que consultant aux effets spéciaux. Comme a pu le souligner Tim Burton lui-même dans ses entretiens avec Mark Salurbary, celui-ci occupe en effet une place très importante dans son cinéma.
En accord avec l’envie du cinéaste, nous ne pouvions donc omettre son impact sur son cinéma. Les deux hommes se connaissent depuis leur rencontre chez Disney, et depuis, Rick Heinrichs n’a cessé d’accompagner Tim Burton dans la réalisation de ses projets. Véritable homme couteau-suisse, il est producteur sur Vincent, consultant sur L’étrange noël de monsieur Jack, et chef décorateur sur Sleepy Hollow, Dark Shadows, Big eyes et plus récemment Dumbo...
Ainsi, Beetlejuice semble ne pas avoir pris une ride, et seule l’incantation d’une suite aurait pu la faire vieillir un tant soit peu. Il faut alors garder ses yeux brillants, rivés sur l’œuvre originale, en chantonnant Banana Boat Song et profiter pleinement de ce chef-d'œuvre.

2. Big Fish, une fresque poétique entre rêve et réalité
Big Fish est une œuvre qui semble occuper une place un peu particulière dans la filmographie de Tim Burton. Si le rapport du réalisateur au rêve et au fantastique y est toujours bien ancré, celui-ci ne s’y exprime pas de la même façon. La frontière établie entre l’imaginaire et la réalité est plus directement questionnée.
L’horreur est mise à l’écart pour davantage laisser la magie et le rêve au premier plan. Cet écart effectué par rapport au gothique se sent immédiatement, que ce soit par le portrait que le réalisateur peint de ses personnages ou par sa colorimétrie beaucoup plus lumineuse et bariolée, par rapport aux autres films du cinéaste. Néanmoins, Big Fish n’en demeure pas moins une œuvre éminemment Burtonienne. Une fois encore, Tim Burton, manie sa baguette de chef d’orchestre comme une baguette magique, pour mettre en mouvement un monde merveilleux composé de géants, de sorcières, de sœurs siamoises et bien-sûr de grands poissons.
Entre innocence et maturité dans la fresque qu’il peint, Tim Burton signe sans doute ici son œuvre la plus poétique et la plus personnelle. On ressent toujours cette folie infantile que le réalisateur avait su exprimer dès son premier long-métrage, Pee-Wee's big adventure, mais cette folie est ici plus mesurée, plus délicate. Néanmoins, Tim Burton y semble toujours perdu entre le monde de l’enfance et celui de l’âge adulte. Avec Big Fish, le cinéaste, alors âgé de 45 ans assume pleinement une danse endiablée sur sa marelle crayeuse qui s’efface un peu.
Alors qu’est Big Fish finalement ? Le conte d’un père à son fils ou le conte d’un fils pour son père ? Une fresque merveilleuse ou une histoire personnelle ? Peut-être que Big Fish, c’est un tout. Comme l’a dit Tim Burton lui-même, “Big Fish met des images sur l’indicible”. C’est peut-être pour cela que j’aime tant l’histoire fantasmagorique d’Edward Bloom. Qu’importe si celle-ci est construite autour du rêve ou du mensonge, elle gardera toujours ce goût sucré sur notre langue, lorsqu’il s’agira de la raconter.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Le scénario de Big Fish est passé entre les mains d’un autre grand
enfant du cinéma : Steven Spielberg. Il pensait d’ailleurs à Jack
Nicholson pour interpréter Edward Bloom.

1. Edward aux mains d’argent, un petit bijou poétique à jamais dans nos cœurs
Oui, je n’ai pas honte de le dire, de tous les héros Burtoniens, c’est bien Edward aux mains d’argent qui a su faire chavirer mon cœur. Que voulez-vous ? Il n’aurait pu en être autrement. Il se dégage une telle poésie, une telle tendresse de ce film, que celui-ci demeure tout simplement indétrônable dans mon âme. Il s’agit de la quintessence de tout ce que j’aime dans le cinéma de Tim Burton : un mélange savant entre poésie et satire.
Tim Burton y a toujours recours à la bizarrerie pour questionner la différence... Que ce soit la séquence de la sculpture de glace ou l’étreinte de Winona Rider et Johnny Depp, le film a su marquer notre vision du cinéma. Le réalisateur de Frankenweenie trace encore une fois le portrait d’un héros magnifiquement maladroit, d’un personnage marginal débordant de tendresse, derrière ses mains en ciseaux. Edward semble tout droit sorti du recueil La triste fin du petit enfant huître, et pour cause Tim Burton avait imaginé ce personnage, alors qu’il n’était qu’un enfant. Johnny Depp pour sa toute première collaboration avec le cinéaste donne corps à Edward avec une justesse tout simplement impressionnante. Sa maladresse et son regard désarmants ont su rendre son personnage absolument unique. Avec ce rôle, Johnny Depp s’impose alors déjà comme le roi des transformistes. La métamorphose s’effectue sur tous les plans, et est pour cause, inoubliable... Enfin, revenons au film et non plus seulement à son acteur principal, car celui-ci nécessiterait presque un top Se7en à part entière...
Edward s’impose évidemment comme l’alter-ego du réalisateur et vient questionner notre rapport à la différence. “Adolescent, j’avais énormément de mal à communiquer avec le reste du monde [...] Je me trouvais comme tant d’autres, dans l’impossibilité d’exprimer les sentiments que j’éprouvais. Je me suis rendu compte très jeune que la tolérance n’est pas chose répandue [...] On te fait entrer immédiatement dans des catégories. C’est dans mon agacement face à ces principes que j’ai puisé Edward aux mains d’argent.”
Malgré la pureté de son âme, Edward est traité comme un monstre, jugé et voué à rester seul dans la pénombre de son château typiquement Burtonnien. Il serait d’ailleurs dommage de passer à côté des décors d’Edward aux mains d’argent, marqués par le contraste entre les façades pastel des maisons et la forteresse gothique où vit Edward. Une idée développée par l’excellent directeur artistique et chef décorateur Bo Welch, avec qui Tim Burton avait déjà collaboré pour Beetlejuice et avec qui il retravaillera sur Batman, le Défi.
Edward aux mains d’argent, est ainsi un petit bijou qui occupera toujours une place importante dans nos cœurs, et Tim Burton restera toujours parmi ces réalisateurs d’exception qui auront su nous faire aimer le cinéma.

Article Signé avec passion par Gaspard Flory
En attendant son prochain film, la saison 2 de Mercredi est à découvrir sur Netflix .
Voir la bande-annonce







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